Dépression, anxiété, problèmes de sommeil, stress....
Une nouvelle discipline de la psychologie, la psychologie spirituelle, nous aide à avancer sur le chemin de la guérison de notre âme. Je suis convaincu, que la guérison d'une maladie grave (physique et psychique) passe aussi par la guérison spirituelle. Voici quelques idées et outils pour guérir notre âme malade.
La psychologie spirituelle
Dans mon quotidien de thérapeute je rencontre deux classes de patients : des patients vraiment malades physiquement (cancer, maladies auto-immunes, ….) et des patients, qui sont dans un mal-être
profond. Ce mal-être déclenche toutes sortes de symptômes mentaux et aussi corporels : anxiété, dépression, douleurs de toutes sortes, troubles de sommeil. Évidemment il est difficile de vraiment
distinguer entre maladie manifeste et mal-être – le mal-être va, à un moment donné, aboutir à une véritable maladie.
Comment aider les personnes, qui sont dans ce mal-être profond ? Une nouvelle discipline de la psychologie nous propose des outils précieux – on appelle cette discipline la psychologie
spirituelle. Cette discipline de la psychologie se distingue de la psychologie classique – on n’analyse pas votre inconscient, on n’essaye pas de changer vos comportements. La psychologie
spirituelle puise dans les vérités universelles qui sont décrites depuis la nuit des temps par les grands mystiques et les grands sages.
Ces vérités universelles existent en nous, nous les connaissons, mais la plupart d’entre-nous les opprime, les ignore. Les vérités universelles se trouvent dans notre vrai MOI, qui est notre
vraie nature, mais elles sont cachées par notre EGO malade (on va revenir sur cet aspect). Ces sont ces grandes personnalités, comme Albert Schweizer, Tony de Mello, Bouddha, Jésus, Thomas
d'Aquin, Maître Eckhart, Dalaï Lama, Lao-tseu, Bernard de Clairvaux... qui ont mis ces vérités universelles sur papier. Un livre clé, qui résume ce que ces grands sages ont transmis, est la «
Philosophie éternelle » d'Aldous Huxley (Le meilleur des mondes). Ce livre contient la sagesse du monde....
Messages clés de la psychologie spirituelle
Quel est le message de la psychologie spirituelle ? La maladie est le signe de la résistance de l'être humain à son développement spirituel. On tombe malade quand on est bloqué sur son chemin
spirituel, sur son chemin de vie.
Beaucoup de gens se demandent quel est le sens de la vie, pourquoi on est sur cette Terre. La réponse des grands mystiques : le sens de notre vie est notre développement spirituel. Alors, on peut
se demander, ce que développement spirituel veut dire ?... Tout simplement la découverte de sa vraie nature, de son vrai MOI, de son noyau divin.
Qu'est-ce qui nous fait avancer sur notre chemin spirituel et qu'est-ce qui nous bloque ? C'est l'amour, le vrai amour (!), qui nous aide sur ce chemin difficile. Un amour détaché, universel. Ce
n'est pas l'amour vis-à-vis notre voiture, de notre position sociale, de notre argent qui nous fait progresser. Même l'amour vis-à-vis de nos enfants ou de notre conjoint-e peut nous bloquer, si
cet amour est caractérisé par de l'attachement et par de l'égoïsme.
Si j'adore mes enfants et en même temps je me fiche des enfants du voisin, des enfants qui meurent en Afrique, mon amour est faux et maladif. L'amour vis-à-vis de mes enfants est seulement vrai,
si en même temps j'éprouve au moins une compassion pour tous les autres enfants de cette Terre.
Donc c'est l'amour qui nous aide à progresser sur le chemin à la recherche de notre vraie nature. Qu'est-ce qui nous bloque ? En termes religieux on pourrait dire : le mal ! Évidemment d’autre
termes – moins religieux – existent : égoïsme, paresse, cupidité, faiblesse....
Maintenant vous avez compris le message clé de la conférence : pour éviter d'être malade il faut progresser sur le chemin de sa vraie nature. Le sens de la vie est le développement spirituel.
L'amour nous aide à progresser et le « mal » nous bloque. On pourrait s'arrêter là, mais je vais essayer de vous donner des outils pour pouvoir progresser sur votre chemin spirituel ! Comment
faire ? Là, à nouveau les grands mystiques nous donnent les clés.
La vie comme une succession de problèmes qui créent de la souffrance
On le sait tous : la vie est difficile. Elle est une série ininterrompue de problèmes. Une fois qu’on a résolu un problème, un autre apparaît. Ce n'est jamais terminé. Parfois, ces problèmes
génèrent beaucoup de douleurs et beaucoup de souffrance. La nature humaine va donc tout faire pour éviter les problèmes et la souffrance. On est tous dans une stratégie permanente d’évitement de
problèmes. On n'affronte pas la vie, on fait une gymnastique d'évitement quotidienne – la conséquence : on ne vit plus et on crée des névroses !
Les grands mystiques nous conseillent le contraire : ils disent que seulement la souffrance nous aide à progresser, pour voir le monde différemment. Ils disent d’accueillir la souffrance, comme
par exemple Rudolf Steiner, qui nous dit d’accueillir la maladie, qui nous permet de voir le monde différemment. Il faut donc accepter, que la vie est difficile et que la vie est pleine de
souffrances (bouddhisme). Il faut affronter et surpasser les souffrances de la vie pour progresser sur son chemin spirituel. C'est évidemment facile à dire... quand on est dans la souffrance les
choses sont différentes.
Quels sont les outils qui nous aident à affronter la vie, à mieux vivre et à supporter les souffrances ? Nous avons déjà rencontré un outil formidable – l'amour – qui sera détaillé plus tard.
Mais il y a aussi d’autres outils pour pouvoir affronter la vie et ses problèmes :
Premier outil : retarder la récompense : récompense ultime = éveil spirituel
Faire des efforts et ne pas récolter ses fruits immédiatement – c'est cela, ce qu'on appelle « retarder le récompense ». Pour notre chemin spirituel, cela veut dire : faire des efforts quotidiens
pendant toute notre vie et (peut-être !) récolter les fruits à la fin de notre vie – voire dans une autre vie (si on croit à la réincarnation).
Le problème est : nous voulons cueillir les fruits immédiatement après l'effort.... Nous sommes tous à la recherche des plaisirs immédiats, nous n'avons plus de patience ni de discipline pour
attendre. Exemple : le jeûne. Il faut avoir de la discipline pendant plusieurs jours/semaines pour retrouver le plaisir de bien-être. Souvent les patients me demandent s'il n'y a pas de solution
plus facile, moins dure, plus rapide.
Autre exemple avec les enfants : faire les devoirs à la maison avant de jouer avec les copains. La récompense sera là sous forme de bonnes notes à l'école. Il y a des enfants qui n'arrivent
jamais à s'auto-discipliner. Ils veulent le plaisir toute de suite, ils évitent les choses désagréables. Au cours de l'adolescence on apprend s'auto-discipliner. Les parents jouent un rôle clé
dans ce processus pour apprendre l'auto-discipline. Si eux ne donnent pas d'exemple (le soir après le travail : télé...), comment l'enfant peut-il apprendre la discipline ? Donner l'exemple est
une chose, mais une chose encore plus importante est l'amour des parents. Même dans une famille chaotique l'enfant va réussir, s'il y a de l'amour, si l'enfant n'a pas le sentiment d'être
abandonné.
La peur de l'abandon est une de nos peurs majeures, elle commence à l'age de 6 mois environ. Seulement quand l'enfant ne se sent pas abandonné, et quand il se sent aimé, il peut développer ce
qu'on appelle la confiance de base = ne pas avoir peur d'affronter la vie. La confiance de base veut dire « je suis un être humain voulu, je suis aimé, je suis confiant que la vie va m'offrir des
possibilités, des rencontres... pour réussir et pour me développer, je n'ai pas peur de l'avenir » .
C’est ce sentiment de sécurité intérieure qui permet à l'être humain de ne pas chercher les plaisirs immédiats, de construire sa propre vie sur la durée, de s'ouvrir au monde. Un être avec une
sécurité intérieure n'a aucun problème de retarder des récompenses parce qu'il sait que la vie va lui offrir la plénitude et le bonheur de toute façon. La confiance de base se construit seulement
dans l'amour – l'amour des parents envers leurs enfants. La confiance de base nous donne la force de nous auto-discipliner, de pouvoir entreprendre notre chemin spirituel.
Deuxième outil : accepter la responsabilité pour sa vie
Qui est responsable pour sa vie, pour son corps, pour sa santé ? Souvent je rencontre des patients dans mon cabinet qui veulent que je les guérisse... ils sont terriblement déçus quand ils
partent. Car - je ne guéris personne...Je donne juste des informations et des conseils pour que les personnes puissent agir par elles-mêmes pour leur propre santé. Ce sont elles, qui vont
s'auto-guérir, et non pas moi ! On a tous la tendance à vouloir rendre responsable quelqu’un d’autre pour sa santé, sa vie, son travail : l'employeur, l'école, l'état, le médecin. NON, la seule
personne qui est vraiment responsable pour sa vie, c'est elle-même.
En psychologie il y a deux cas extrêmes en ce qui concerne la responsabilité pour sa vie : le premier groupe de personnes refuse totalement de se sentir responsable pour leur propre sort ; le
deuxième groupe se sent responsable pour tout. Le premier groupe comprend les personnes ayant des troubles de la personnalité, le deuxième groupe sont les personnes avec des névroses.
Quand un névrotique se trouve dans un conflit avec son monde, il va automatiquement croire que c'est de sa faute, sa responsabilité. Quand une personne avec des troubles de la personnalité se
trouve dans un conflit avec le monde, elle va automatiquement penser, que c'est la faute de son environnement et pas la sienne.
En psychothérapie on travaille mieux avec les névrotiques, car ils assument plus facilement leur responsabilité pour leur propre vie. Les personnes avec des troubles de la personnalité refusent
d'assumer leur propre responsabilité pour leur vie – elles ne voient pas que c'est elles la source principale de leurs problèmes. OUI, pour le dire clairement : nous sommes très souvent la source
de nos problèmes, pas les autres, pas le monde, pas le système social ! C'est trop facile de se déresponsabiliser...
La conséquence : le névrotique se détruit lui-même, la personne avec des troubles de la personnalité nuit aux autres – car elles les rend responsables de son mal-être. Nous vivons tous
aujourd'hui dans un monde, majoritairement peuplé avec des personnes ayant des troubles de la personnalité. Ces sont les immigrés, les riches, les pauvres, les politiciens, le chef, le voisin, le
conjoint, tous responsables pour notre mal-être, jamais nous-même.
Un exemple typique de personnes avec des troubles de la personnalité sont les parents : Souvent ils se déresponsabilisent de l'éducation, ne fixent plus aucune limite à leurs enfants – par
contre, ils attendent que l'école, la société prenne leur place. Les enfants dans une famille avec des parents qui montrent des troubles de la personnalité vont eux-mêmes développer les mêmes
troubles. Si, en plus, les enfants n'ont pas reçu de l'amour et ont vécu la peur de l'abandon pendant leur enfance, il deviennent des être humains fortement psychotiques.
Il y a un autre aspect négatif qui touchent les personnes avec des troubles de la personnalité : elles donnent trop de pouvoir à la chose, qu’elles rendent responsable pour leur mal-être. Elles
surestiment le pouvoir du gouvernement, du chef, de la société. Elles s'abandonnent dans la résignation « je ne peux pour rien, le système est trop fort, je n’ai aucune chance contre mon chef /
la société... ». L'ultime conséquence : elles perdent la liberté de gérer leur vie (Erich Fromm : Escape from freedom, la peur de la liberté). Oui, énormément de gens ont peur de la liberté – car
la liberté signifie responsabilité pour sa vie. Des milliards d'êtres humains transfèrent la responsabilité pour leur vie à des institutions, à la société et deviennent de simples moutons ou
contribuables.
Dommage ! L'être humain est né libre ! Il faut accepter que la vie soit une succession sans fin de décisions, de petites décisions quotidiennes ou de grandes décisions. Nous sommes libres dans la
plupart de ces décisions – mais rarement nous utilisons cette liberté et nous laissons d’autres décider pour nous. Acceptons la responsabilité pour notre vie !
Troisième outil : vivre dans la réalité (et pas dans le déni)
Bizarre cet outil... Vivre dans la réalité ? Mais tout le monde vit dans la réalité !!! Eh non, on vit dans une interprétation de la réalité faite par notre cerveau. Nos cinq sens fournissent en
permanence des informations à notre cerveau, qui va créer une réalité pour nous. C'est une image de notre monde ou plutôt une interprétation du monde dans laquelle nous vivons. Car pour
interpréter les informations qui viennent de nos cinq sens, notre cerveau utilise des schémas tout prêts. Ces schémas sont, entre autres, nos dogmes. C'est quoi un dogme ? Ce sont des
automatismes d’interprétation de notre réalité ! L'avantage des dogmes : l’interprétation de la réalité se fait plus vite et ne demande pas d'efforts. Le problème : qui nous dit que nos dogmes,
nos schémas d’interprétation sont corrects ?
D'où viennent nos dogmes ? De nos parents, de l'école, de la société – donc de l'extérieur. Nous acceptons facilement les points de vue majoritaires : « Pour avoir un travail, il faut être bon à
l'école ; pour une économie en bonne santé, il faut de la croissance ; le cancer est une maladie mortelle ; les vaccinations nous aident à nous protéger contre les maladies ; les immigrés sont
une menace pour nos emplois ; …. ». Qui fait un effort pour (1) identifier ses propres dogmes et (2) les vérifier ?
Oui, il faut des efforts constants pour analyser et vérifier ses dogmes, des efforts énormes. Se remettre en question, remettre en question ses propres pensées et dogmes est un travail très dur,
parfois cruel. Tout un monde peut s'écrouler. Un monde que nous avons construit pendant toute une vie. Une vie construite sur des mensonges. Qui a le courage de déconstruire tout ça ? Recommencer
à zéro ? Mais si nous voulons vivre dans la vraie réalité nous n'avons aucun choix.
Seulement si nous commençons à voir la réalité de notre monde et de nous même sans filtres, nous avons une chance d'être vraiment libres. S'approcher de la vraie réalité est un effort constant à
mener, chaque pensé est à vérifier, chaque conclusion, chaque action. On appelle cela la pleine conscience. A chaque pensée, à chaque action nous devrions nous analyser et essayer de comprendre.
« Est-ce que cela vient vraiment de moi ou est-ce que j'applique bêtement les pensées et dogmes de mon entourage » ?
La vie est donc un processus constant d'auto-contrôle de ses pensées et de ses actes – ce qui demande beaucoup d'efforts et du courage ! Mais nous n'avons pas le choix si notre objectif est de
s'approcher de la sagesse et de la vérité. Une vie menée dans des mensonges et illusions est une vie perdue. Et n'oublions pas : la vie est précieuse (et peut-être unique). Un des objectifs de la
vie est donc d'essayer d’être le plus proche possible de la réalité, d’être critique vis-à-vis de ses dogmes, vis-à-vis de sa façon d’interpréter le monde. Ce fonctionnement nous aide à vivre
dans la vérité et pas dans le faux.
Quatrième outil : accepter d'abandonner
Nous sommes donc, de temps en temps, obligés, d'abandonner nos idéologies, nos dogmes, nos schémas de fonctionnement. Cet abandon est dur, mais il est essentiel pour avancer sur notre chemin
spirituel. Si qqc bloque le processus d'abandon, l'individu risque de plonger dans la dépression ou d’autres maladies psychiques. La dépression est un signe de notre inconscient qu'il faut
abandonner qqc et avancer sur notre chemin de vie. Si la personne n'a pas de courage ou la force d'abandonner, la dépression persistera.
L'abandon ultime est l'abandon de notre vie, de notre corps = la mort. Notre mort est vue comme une perte immense : on perd notre famille, notre agent, notre statut social, on perd tout ce que
nous avons construit pendant toute une vie. La mort est vue comme une punition, comme une injustice. Nous ne sommes pas préparés à la mort, nous vivons comme si la mort n'existait pas. Pourtant,
la mort est née avec nous à l'heure de notre naissance, c'est comme une bougie qui s’est allumée et qui va s’éteindre un jour. Seulement si nous arrivons a nous préparer à la mort, nous
arriverons à vivre pleinement.
Pendant notre vie nous devons essayer d'apprendre la vie mais aussi d'apprendre la mort, d’abandonner notre vie. Chaque matin nous devons nous dire : « Merci je suis en vie, merci pour ce cadeau
merveilleux qu’est la vie » mais aussi « oui, il est possible que je meurs aujourd'hui ».
Antony de Mello propose de faire régulièrement des méditations sur notre propre mort, s'imaginer, comment c'est, être mort, et même s'imaginer comment c'est être dans sa tombe et être dévoré par
les vers.....
Pour les bouddhistes la mort est seulement la mort d'une vie, qui fait partie d'un cycle éternel de réincarnations. La mort d'une seule vie dans une série de 100 000 vie n'a que peu d'importance
pour eux. Pourtant, pendant toute leur vie ils se préparent au moment de la mort – être dans un état paisible, calme et préparé, leur est essentiel pour pouvoir se réincarner favorablement. Le
bouddhiste considère la vie comme la seule possibilité de progresser vers la lumière, vers l'état de bouddha. La mort met fin à cette vie et donnera naissance à une autre vie, qui sera impactée
par les actes des vies précédentes : le karma.
Un petit résumé : qu'est-ce qui nous aide à progresser sur le chemin spirituel
L’amour
Tous les différents objectifs nécessitent beaucoup de force, beaucoup de discipline. A chaque moment de la journée, à chaque petite décision nous devrions y penser. Qu'est-ce qui nous donne cette
force, cette discipline ? La réponse des grands mystiques est unanime : c'est l'amour !
Le définition de l’amour (selon wikipedia) : « L'amour désigne un sentiment d'affection et d'attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une
proximité physique, spirituelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour ».
Dans cette définition il y a une chose qui me dérange : le mot « attachement ». Quand on est sur une voie spirituelle, il ne faut pas s'attacher. S'attacher veut dire perdre sa liberté, perde son
objectivité (car on favorisera évidemment plus un objet auquel on est attaché qu’un autre objet auquel on n'est pas attaché). Pour moi l'attachement est même un problème majeur de l'homme, qui
lui fait perdre sa liberté – l'attachement maladif est une cause majeure pour notre mal-être.
Donc, je vous propose une autre définition d'amour : « L'amour est notre volonté d'avancer sur notre voie spirituelle et, par ce moyen, de pouvoir aider l'autre pour qu'il puisse, lui aussi,
avancer sur son propre chemin spirituel. L'avancement sur le chemin spirituel est caractérisé par l'abandon des frontières entre nous et le reste du monde – ce qui nous permet finalement de
fusionner avec le monde et de retourner à notre origine divine ».
C'est une définition très proche de la définition de l’amour dans le bouddhisme. Nous devrions donc, pendant toute notre vie – à l'occasion de chaque petite décision quotidienne (la vie est
finalement une succession de petites décisions!) - consciemment choisir l'option qui nous fait avancer sur notre chemin spirituel – afin de pouvoir aider l'autre sur son propre chemin spirituel.
C'est cela l'amour du prochain.
L'amour est donc un acte de volonté quotidien. Cet acte inclut nos actions mais aussi nos intentions (même si ces intentions ne seront finalement pas réalisées). Ce sont nos motivations pour nos
actions qui sont en permanence à questionner et à auto-évaluer. L'amour est aussi une décision, qui nous demande, au début au moins, beaucoup d'efforts : nous décidons de nous aimer nous-mêmes
est les autres – mais SANS ATTACHEMENT.
Différence entre amour et tomber amoureux
D'abord, tomber amoureux est très souvent lié au désir d'avoir une relation sexuelle, de l'amour corporel avec la personne de notre désir. L'amour corporel n'a rien de négatif, il est même
essentiel pour que notre espèce continue à exister. Il semble donc que tomber amoureux soit un facteur sélectionné par l’évolution de l'homme pour garantir la subsistance de notre espèce. Mais
l'acte sexuel nous fait-il avancer sur notre chemin spirituel ?
Mais il y a encore un autre aspect du 'tomber amoureux' qui est bien plus négatif mais aussi bien plus subtil. A un très jeune âge (bébé), l'enfant ne peut pas distinguer entre moi et
l'environnement. Il est fusionné avec l'environnement, surtout avec sa mère. Cette fusion est évidemment indispensable pour sa survie. Avec l'âge, l'enfant apprend les frontières entre lui-même
et son environnement – il devient un individu. Ce processus s'appelle l’individuation. Carl-Gustav Jung : « L'individuation est le processus par lequel un être devient un individu psychologique,
c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité ».
Pour faire son chemin il est, selon CG Jung et d’autres, indispensable de créer et d’agrandir sa propre personnalité pour devenir une personnalité complète = une « totalité ». Créer et agrandir
sa propre personnalité ne veut surtout pas dire devenir égoïste ! Cela veut dire devenir une être humain complet, cohérent, conscient de soi et de sa vraie nature. Selon Jung, si le processus
d'individuation est bloqué, l'individu va tomber malade, surtout en ce qui concerne les maladies psychiques : dépression, crises d'angoisse...
Quelle est une des conséquences du tomber amoureux ? Cet état (que je n'appelle pas l'amour) va entraîner les deux individus dans un processus fusionnel. Les frontières entre les deux vont se
réduire, voire disparaître – c'est le contraire du processus d'individuation. On a l'impression de ne « plus pouvoir vivre sans l'autre ». Son propre MOI fusionne avec l'autre. Le couple devient
une unité. Selon les grands mystiques, l'acte de tomber amoureux représente une régression sur le chemin d'individuation et notre chemin spirituel. Cette fusion avec l'autre être tant aimé nous
rappelle la période paradisiaque quand nous étions dans le ventre de notre mère. La sécurité absolue. Le problème est que nous sommes sortis de ce ventre, et notre tâche majeure dans cette vie
est de devenir des individus complets et vrais.
L'acte de tomber amoureux, s'il est temporaire, ne nous empêche pas de progresser spirituellement. Le problème c’est lorsque cet acte est confondu avec l'amour et quand les personnes ne cherchent
que cela dans leur vie = être dans un état amoureux permanent. Seulement si l'état amoureux est remplacé par le vrai amour dans un couple – un amour sans attachement qui donne toute la liberté
nécessaire au partenaire – l'être humain peut progresser spirituellement. D'ailleurs : être dans un couple qui essaie de vivre le vrai amour aide l'individu à progresser plus vite sur son chemin
spirituel !
Dépendance : être dépendant de l'autre n'est pas de l'amour
Si vous avez besoin de qqn pour vivre, pour survivre, vous êtes le parasite de l'autre. Dans une relation comme celle-là, la liberté n'existe pas. Deux êtres humains s'aiment uniquement si les
deux sont capables de vivre seuls tout en ayant librement choisis de vivre ensemble.
En psychologie le phénomène de dépendance est toujours pathologique. C'est un trouble de personnalité qu'on appelle : « trouble de la personnalité dépendante ». Les personnes avec ce type de
problème vont tout faire pour plaire à l'autre, elles supportent très mal d’être seules, souvent elles n'acceptent pas d’être responsables pour leur vie. Pendant leur enfance ces personnes n'ont
pas reçu assez d'amour et maintenant elles cherchent cet amour ailleurs. Souvent il y a d’autres types de dépendance en même temps : drogues, alcool,... La relation de dépendance est aussi une
sorte de régression pour l'individu et ne favorise pas son développement spirituel et son individuation. Vous savez : l'objectif du vrai amour est le développement spirituel de soi-même et de la
personne, qu'on aime.
Est-ce que l'amour est un sentiment ?
Selon les grands mystiques, l'amour n'est pas un sentiment, l'amour est un acte quotidien pour avancer sur son chemin spirituel. Voir l'amour comme un sentiment est un des grands malentendus de
notre civilisation. Le sentiment qu'on appelle l'amour n'est rien d'autre qu'une attirance vers un objet qu'on a choisi pour satisfaire nos besoins. Cet objet peut être un partenaire, un animal,
même une voiture, un parti politique, etc. Cette attirance cache toujours des besoins non satisfaits.
On peut aimer sans le sentiment. On peut dire :« moi en tant qu’individu libre je choisis d'aimer un autre individu pour l'aider à progresser sur son chemin de vie ». Ce type d'amour est un acte
de décision, qui nous oblige d'être là pour l'autre, sans nous attacher et sans que l'autre s'attache à nous. Cet amour vrai nous permet aussi d'aimer plus qu'une seule personne. Moi par exemple,
en tant que thérapeute, je peux décider d'aimer mes patients, parce que je veux les aider : d'abord à guérir et peut-être aussi pour qu'ils progressent spirituellement. Je peux décider de ne pas
seulement aimer mes enfants, mais aussi les enfants des voisins, peut-être même tous les enfants du monde. A nouveau cet amour est un acte de décision et non pas un sentiment.
L'amour universel
C'est quoi, l'amour universel ? Revenons vers « l’individuation » de CG Jung : ce processus nous apprendra à devenir des êtres humains complets, uniques, mais il nous apprend aussi que nous
sommes seuls sur cette Terre, que nous sommes des individus séparés l'un de l'autre. Nous réalisons qu'il y a des frontières entre nous : que l'autre pense différemment, qu'il préfère d’autres
choses que nous, etc. Nous comprenons que nous sommes obligés de faire notre propre chemin, que ce n'est pas à l'autre de le faire à notre place. Ce chemin est caractérisé par des décisions en
permanence : à chaque petite décision nous sommes tenus de nous décider pour la vérité et la réalité (ne pas être dans le déni). Donc quand nous progressons sur ce chemin de l'individuation, nous
allons ériger des frontières entre nous et les autres, ce qui est un processus totalement naturel et sain.
Le processus d'individuation va nous mener forcement vers la solitude. Cette solitude est essentielle – les grands sages indiens par exemple sont, à un moment donné de leur vie, allés dans les
forêts, grottes... pour être seuls. Pour faire ce combat d'individuation contre notre EGO, contre tous les dogmes et mensonges en nous-mêmes. Nous, nous avons peur de la solitude, nous faisons
tout pour l'éviter. Avec toutes sortes de distractions inutiles, qui nous font perdre du temps – le temps de notre précieuse vie.
A un moment donné, quand nous sommes clairs vis-à-vis de nous-mêmes et du monde qui nous entoure, nous allons entrer dans une nouvelle phase : les frontières entre nous et le monde commencent à
tomber = je fusionne avec le monde (pas avec mon partenaire amoureux !, une fusion qui signifie régression), je réalise que je fais partie de cette Terre, que je viens de la terre, que la terre
est ma vraie mère.
Je commence à aimer notre Terre et la vie qui l’habite, je vais développer un profond respect vis-à-vis de la vie, c'est ce qu’Albert Schweizer appelle l'éthique = le respect de la vie. En
allemand c'est encore plus fort comme expression : « Erfurcht vor dem Leben ». Albert Schweizer était un homme très développé spirituellement, il connaissait les messages des grands sages indiens
(cf. livre : les grands penseurs de l'Inde).
Donc nous devrions développer une éthique basée sur le respect de la vie, qui va aboutir à un amour pour toutes les formes de la vie. Les frontières entre nous et le monde commencent à tomber.
Quand on est dans un état comme cela, on ne peut plus faire mal à des être vivants, à notre Terre. Albert Schweizer a, par exemple, toujours essayé de ne pas écraser les insectes quand il
marchait.
Vous allez me dire : « oui, je suis d'accord de respecter toutes formes de vie, mais pourquoi faut-il aller plus loin et aimer les autres ? C'est vrai, il serait déjà pas mal de respecter
l'autre, les animaux, la Terre = ne pas causer de souffrance à l'autre. Consciemment et surtout inconsciemment nous causons de la souffrance : quand on mange de la viande industrielle, on mange
de la souffrance animale – même si on mange de la viande bio, ça peut être le cas (quand on voit les images des abattoirs). Nous causons de la souffrance pas seulement par nos actes, mais aussi
par nos paroles. Il serait déjà pas mal de ne plus causer de la souffrance à l'autre !
Alors, pourquoi aimer l'autre activement ? Bouddha donne une explication surprenante. Quand on considère que la réincarnation existe, nous avons peut-être vécu déjà des milliers de fois. Dans
chacune de ses vie précédentes nous avons eu une mère, qui nous a donné de l'amour, qui a fait des sacrifices pour nous, pour garantir notre survie. Qui peut exclure que notre voisin, notre chef,
notre adversaire, n'était pas notre mère dans une de ces innombrables vie précédentes ? Si c'est le cas, nous lui devons notre gratitude, notre reconnaissance et notre amour.
Intéressant cet argument, non ? Évidemment, pour l'accepter il nous faut accepter le concept de réincarnation. Il y a un autre argument en faveur de pourquoi nous devrions aimer l'autre, pourquoi
nous devrions nous sentir très proches de l'autre, de la vie sur Terre en général : parce que nous sommes tous liés l'unà l'autre. Comme avec des fils invisibles, une sorte de réseau ou de filet
multidimensionnel. Pourquoi sommes-nous liés à l'autre ? Parce que nous avons la même origine !
L'origine ultime c'est quoi ? …. Le Big Bang ! Nous sommes tous nés au même moment à partir de la même matière (même si au moment du Big Bang il n'y avait pas de matière, mais seulement une
quantité d'énergie énorme). Les molécules de nous tous ici ont été créées au même moment. Et il y a de fortes indications que ces molécules n'aient jamais cessé de communiquer entre-elles.
Pourquoi des molécules peuvent-elles communiquer et être liées entre-elles ? Parce que les molécules sont de la matière ET en même temps aussi des ondes électromagnétiques. C'est une des bases de
la mécanique quantique (Heisenberg, Schrödinger, Planck). Chaque molécule est en constante « communication » avec toutes les autres molécules – cette communication passe par des ondes
électromagnétiques – et elle n'a jamais cessé depuis la naissance de la matière. Donc, il y a des arguments scientifiques de plus en plus fondés que nous sommes tous liés à l'autre, que nous
sommes l'autre.
Je ne sais pas si ces deux arguments vous ont convaincu pour pratiquer l'amour et se sentir proche de l'autre.
On peut aller plus loin : si nous sommes liés à l'autre, les frontières que nous avons construites – pour avancer sur le chemin de notre individuation – sont en réalité inexistantes, de simples
constructions. Nécessaires pour que nous devenions un être complet, mais une fois que nous sommes au bout de l'individuation, nous pouvons laisser tomber ces frontières virtuelles. Ce que les
grands mystiques nous demandent : laisser tomber les frontières entre nous et l'autre, entre nous et le monde, fusionner avec le monde. Seulement notre fusion, celle d’individus pleinement
développés avec le monde qui nous entoure, nous permet de voir la réalité du monde et notre propre réalité.
C'est cela notre vrai destin, le sens de notre vie : devenir un individu complet et sain, qui peut, dans la suite, s'abandonner pour fusionner avec le monde, avec notre origine divine. Ce
sentiment d'être à nouveau connecté à la terre, de retourner à notre origine nous procure la libération ultime, la libération de nos souffrances. Retourner à la terre ne veut pas dire forcement
attendre la mort - Bouddha par exemple nous montre le chemin vers cette libération pendant notre vie : le sentier octuple. Les grands mystiques ont essayé de nous décrire l'état qui s'installera
quand un être humain retourne à son origine divine, quand on est redevenu DIEU (ou Bouddha) – des descriptions très souvent sous forme d'images, de métaphores....très difficiles à comprendre, des
descriptions forcement incomplètes. Comment veut-on, avec notre mental limité, comprendre Dieu ? Impossible !
Vous avez vu que l'amour est finalement notre volonté de retourner à notre origine divine et d’aider les autres à faire pareil. L'amour est incompatible avec l'attachement – seulement quand on
est détaché de tout, on peut s'abandonner soi-même pour fusionner avec notre véritable mère, la Terre.
L'amour demande des efforts – exemple : l'écoute attentive
L'amour signifie (1) faire des efforts et aussi (2) avoir du courage. Un effort majeur quand on aime est d’être attentif à l'autre. L'attention que je donne à l'autre est une sorte d'amour et
demande beaucoup d'efforts – je le vois moi-même tous les jours vis-à-vis de mes patients. Souvent je suis tenté de m'imposer, d'appliquer des protocoles standards, sans vraiment écouter ce que
le patient veut me dire. C'est un grand problème pour tous les thérapeutes : on parle trop et on n’écoute pas assez. Écouter attentivement l'autre, avec beaucoup de concentration est toujours un
acte d'amour.
L'amour demande du courage – exemple : accepter les changements
Quand on décide de progresser sur son chemin spirituel, on est obligé d'abandonner et d’accepter les changements. Il faut du courage pour tenter de nouvelles expériences, de sortir de son cadre
habituel. L'être humain déteste le risque, fait tout pour l’éviter, nous avons peur des changements, car on sait ce que nous perdrons mais nous ne savons pas ce que nous allons gagner. Pourtant
vie signifie changement ! Comme Bouddha dit : « la vie est comme une fleuve ». Et un fleuve est toujours en mouvement. Sans changements dans sa vie, nous sommes déjà morts.
Pour accepter et vivre des changements il faut du courage. Quelle est la définition du courage : ce n'est pas l'absence de peur, mais c'est agir malgré sa peur. Donc, on peut accepter que les
changements nous fassent peur, mais il faut essayer de la dépasser. Quelle serait l'alternative aux changements ? Ne rien faire, ne pas sortir de sa maison, ne pas oser faire de nouvelles
rencontres, continuer un travail insatisfaisant jusqu'à la retraite ? Bien évidemment il ne faut pas changer pour changer ! Il nous faut une direction ! Il faut changer et abandonner pour avancer
sur le chemin vers notre vraie nature, notre vrai MOI. Être le plus léger possible, être le plus libre possible, être dans la vérité et dans la réalité. Regardez Gandhi : les seules choses qu'il
a possédées étaient ses sandales, ses lunettes, ses vêtements et son bâton. Il a abandonné tout le reste – pourquoi ? Pour être libre !
L'amour demande de la responsabilité
Quand on décide d'aider l'autre sur son chemin de vie, on accepte forcement un certain degré de responsabilité pour la vie de l'autre. Détachement ne doit pas être confondu avec indifférence !
Quand on aime qqn on va faire tout, pour que l'autre avance le plus vite possible sur le chemin spirituel et on va essayer de l'accompagner dans sa souffrance, dans ses questionnements, et dans
les changements qui sont nécessaires. En même temps on l'accepte comme individu unique, intègre et libre.
Notre responsabilité pour l'être que nous aimons nous donne le droit de le critiquer, lui signifier qu'il est sur un mauvais chemin et le guider vers un chemin plus juste. Mais il faut le faire
sans arrogance, sans le sentiment de supériorité. Nous devrions avoir une attitude modeste et toujours nous questionner si nous n'avons pas tort.
Comment donc choisir la personne à laquelle on veut donner son amour ? La réponse va peut-être vous choquer... Si l'objectif de notre amour est de nourrir le chemin spirituel de l'autre, la
condition sine qua non est que l'autre veule aussi se développer spirituellement. Si l'autre refuse les changements, refuse d'abandonner les objets qui le bloquent sur son chemin, a peur de
prendre la responsabilité pour sa vie – dans ces cas notre amour est une perte d'énergie et aussi de temps. Mieux vaut choisir un partenaire avec lequel un développement spirituel, ensemble, est
possible.
L'amour demande d'accepter l'individualité unique de l'autre
Vous avez vu que le processus d'individuation (CG Jung) nous permet de devenir un individu libre, complet et (si possible) spirituel. Il est donc logique que l'amour qu'on ressente pour l'autre
ne nuise pas à son intégrité et sa liberté. C'est plutôt le contraire : notre amour doit permettre à l'autre d'être encore plus libre, de choisir librement, comment il/elle veut progresser sur
son chemin. Avec le risque bien sûr que l'autre nous quitte, c'est le prix de la liberté que nous devrions accepter à payer.
De toutes les façons, le dernier bout de chemin vers le sommet, vers la vérité ultime, nous devons le faire seul. Ce qui fait peur évidemment, car à la fin, nous serons seul. Le processus
spirituel est forcement accompagné de la solitude.
Définition de la spiritualité / chemin spirituel
Je vous ai dit tout le temps qu'il faut emprunter un « chemin spirituel », mais je ne vous ai pas dit ce qui vous attend au bout de ce chemin. Le mot « spiritualité » vient du mot latin «
spiritus » = esprit. Donc, la spiritualité est la science de l'esprit – qui n'a rien avoir avec les religions. Même si évidemment dans le christianisme on parle par exemple du Saint-Esprit.
Il y a une définition de la spiritualité que j'aime bien : « La spiritualité a comme objectif (1) la recherche d'intériorité, (2) la connaissance de soi, (3) la sagesse. La spiritualité est
indissociable de la démarche intellectuelle et permet d'atteindre un état de conscience modifiée et durable. »
Quels sont les mots clés dans cette définition de la spiritualité ?
Recherche d'intériorité : essayer de trouver son bonheur à l'intérieur de soi-même et non pas à l'extérieur (voiture, maison, carrière, argent...). Dans notre système
capitaliste on nous dit en permanence que le bonheur est à l'extérieur de nous, qu'on peut même l'acheter.
Connaissance de soi : est-on sûr de se connaître vraiment ? Très souvent on n'ose même pas, car on a peur de découvrir des choses qui peuvent déranger. Qui a fait une
psychanalyse pour aller dans ce sens ?
Sagesse : un terme difficile à définir. Aristote disait « La sagesse ne peut être ni une science ni une technique, c'est un savoir-vivre ». Un savoir-vivre qui s'appuie sur une
connaissance profonde de soi-même et du monde. Comment atteindre alors la sagesse ? Essayer en permanence d'être dans le vrai et dans la réalité. Rester ouvert, accueillir ce que la vie nous
présente, sans préjugés ni schémas d’interprétation tout prêts.
État de conscience modifié : c'est tout simplement ce qu'on appelle la pleine conscience. Être conscient de ce qu'on pense, sent et fait.
Vous voyez, la spiritualité définie comme cela n'a pas besoin de religions, c'est tout simplement un chemin vers la sagesse, vers la vérité, vers notre vraie nature. Par contre, les
religions peuvent contribuer à élargir et à approfondir la spiritualité.
Notre vraie nature
Un terme revient très souvent quand on se met sur le chemin de la spiritualité : notre vraie nature, notre nature véritable. Comme dit Maître Eckhart : « L'être humain a beaucoup de couches de
peau, qui couvrent son cœur profond. L'homme connaît beaucoup de choses, mais lui-même il ne connaît pas. Trente ou quarante couches de peau, épaisses comme la peau d'un taureau couvrent notre
âme. Pénétrez en vous-même et apprenez à vous connaître ».
Maître Eckhart parle de plusieurs couches de peau qui occultent notre vraie nature.
Si on veut utiliser les termes de CG Jung, il n’y a finalement qu'une seule couche qui nous empêche d'aller au plus profond de nous : c'est notre EGO. Notre ego n'est pas nous, c'est une
construction qui se crée au cours de notre vie. Comme une poupée russe qui englobe notre vrai MOI. Cet ego, en quoi consiste-t-il ? Il contient tous nos dogmes, toutes les fausses vérités qu'on
apprend pendant notre vie sur Terre.
Si nous nous analysons, nous allons identifier des milliers de pensées toutes prêtes qui nous empêchent de réfléchir, et qui nous mènent vers un chemin situé à l'extérieur de nous-mêmes et pas
vers l'intérieur. Un des objectifs majeurs de notre vie consiste à faire exploser ces mensonges, à laisser mourir notre ego malade.
Quelle en est la conséquence ? La peur au début, car ces fausses vérités nous donnent de la sécurité, nous permettent de rester dans notre cadre – nous serons très déstabilisés. Une fois que nous
aurons vaincu la peur, nous observerons un sentiment de vide, un détachement de tout ce qui est extérieur à nous. D’autres mystiques parlent aussi d'une lumière qui grandit en nous.
Par exemple François de Salignac de la Motte-Fénelon : « Quand la lumière en nous grandit, nous voyons, que nous sommes bien pire que nous pensions. Nous sommes choqués de notre aveuglement
avant, tous ces mauvais sentiments qui montent de notre cœur profond comme des bêtes impures nous font peur. Mais, nous ne devrions pas être choqués, car nous ne sommes pas pire qu'avant. En
contraire, nous sommes mieux, car maintenant nous nous connaissons mieux. La lumière de la vérité nous aide à nous guérir ».
Donc, pour trouver notre vrai MOI, nous devrions détruire notre EGO MALADE, en ne pas, comme nous le faisons actuellement, encore le renforcer. La destruction de l'ego est la première étape vers
notre nature véritable. Les étapes suivantes sont bien plus subtiles : les religions et les mystiques donnent quelques idées. Bernard de Clairvaux parle par exemple de l'absorption de notre MOI
par qqc de plus grand, qui serait Dieu. Au bout de notre chemin de spiritualité nous devons fusionner avec Dieu – pour retourner à nos origines divines.
Il est clair que nous ne pouvons pas savoir, ce qu'on trouvera au bout du chemin de la spiritualité. La première étape, la déconstruction de notre ego malade est déjà une tâche assez compliquée –
une tache pour laquelle la psychologie spirituelle peut nous aider.
Comment donc inclure le concept de l'amour dans la (psycho) thérapie ?
Nous avons vu que le concept de la psychologie spirituelle se base beaucoup sur l'outil de l'amour - le vrai amour, pas l'attachement - pour nous guérir. Comment donc utiliser l'amour pour notre
guérison spirituelle ?
C'est le thérapeute qui doit donner de l'amour ou du moins de l'empathie pour son patient. Beaucoup de maladies sont liées à un manque d'amour pendant l'enfance ou dans le couple. Le thérapeute
peut essayer de compenser ce déficit d'amour. Par cet amour il peut aider le patient de se mettre sur le chemin de spiritualité (voir ci-dessus). La psychothérapie doit être un processus d'amour.
Ce qui n'est souvent pas le cas.
Pour répéter : le manque d'amour est une cause majeure de nos maladies psychiques et de notre mal-être. L’élément majeur d'une thérapie doit être l'amour. La conséquence : Tout le monde pouvant
donner du vrai amour peut guérir ! Toutes les personnes qui ont fait un chemin vers la vérité, qui ont déconstruit leur ego malade peuvent aider les malades. Cet approche est bien plus efficace
qu'une médecine automatisée et déshumanisée.
L'aide doit comporter de l'amour vrai, mais aussi doit permettre au patient de continuer sur son chemin d'individuation, devenir une personnalité entière. La thérapie doit également permettre au
patient d'accepter la responsabilité pour sa vie et sa maladie. Il faut absolument éviter que le patient rentre dans une relation de dépendance avec le thérapeute.
Pour la guérison il est important de savoir comment le patient voit le monde = sa religion
Chaque être humain a sa propre religion, sa façon de voir le monde. Tout le monde a ses convictions et croyances. Cela peut être une vraie religion, ou des convictions comme : « l'être humain est
mauvais, le monde est mauvais »... Il y a évidemment des croyances pathologiques : « Il y a des extra-terrestres sur cette Terre qui veulent me faire du mal »...
Souvent les être humains ne sont pas conscients de leurs croyances – souvent ils adoptent les convictions de leur environnement, les croyances des masses. Nos croyances sont aussi impactées par
ce que nous avons vécu lors de notre enfance : si nous avons eu des parents doux et aimants qui nous ont pardonné nos fautes, nous allons croire à un Dieu qui aime le monde et qui nous
pardonnera. Si nous avons eu des parents très sévères, ce sera l’inverse.
Il semble que nos convictions et croyances soient largement impactées par ce que nous avons vécu pendant l'enfance. Ces croyances sont très difficilement modifiables. Mais si nous voulons
progresser vers la vérité, nous n'avons aucun choix : nous devons nous questionner sur toutes nos croyances, les analyser et, si nécessaire, les déconstruire. Nous devons nous révolter contre la
religion de nos parents si nécessaire.
Pour croître spirituellement nous devrions créer notre propre religion, qui ne sera jamais une copie d'une religion existante, mais qui sera adaptée à notre personnalité et notre vécu. Pour créer
notre religion nous pouvons utiliser les outils de la science : la critique, la discipline, l'expérimentation pour s'approcher à la vérité, la méfiance vis-à-vis de tout (surtout vis-à-vis nos
pseudo-vérités sociétales). Notre religion doit être évolutive et adaptée au cours de notre vie. Une religion externe rigide avec plein de dogmatismes ne nous fait pas avancer, elle nous étouffe.
Peut-être la construction du bon vieux Dieu est juste une stratégie pour éviter de réfléchir par nous-mêmes ? Une stratégie pour nous donner une (fausse) sécurité ? Est-ce que la religion telle
qu’elle est pratiquée aujourd'hui nous empêche d’être libres ?
Nous sommes peut-être d'accord, qu'une religion rigide, dogmatique ne nous aide pas à avancer sur notre chemin spirituel, le bon vieux Dieu n'est peut-être pas la solution, mais est-ce qu'une
autre forme de Dieu ou Divinité existe ? Les mystiques parlent d'une présence divine dans notre monde, mais ils disent en même temps que l'être humain est trop limité pour la voir et
comprendre.
Est-ce que Dieu se trouve dans notre inconscient ?
Depuis la découverte de notre inconscient par Freud, une autre voie existe pour expliquer la présence divine dans le monde. De plus en plus de psychologues spirituels postulent que Dieu se trouve
dans notre inconscient.
D'abord, c'est quoi notre inconscient ? Selon les psychanalystes il s'agit d'une structure, responsable de nos émotions, perceptions, pulsions, que nous ne pouvons pas contrôler, qui échappent à
notre volonté et réflexion rationnelle. Il n'y a pas d'endroit précis dans notre cerveau qui correspondrait à l’inconscient.
L'inconscient sert aussi comme une sorte de « poubelle » : on y refoule les expériences désagréables, les traumatismes de notre vie, auxquels nous ne souhaitons pas être confronté en permanence.
Mais de plus en plus de psychanalystes refusent cette idée de poubelle. Le premier était CG Jung : il postulait une sorte d'inconscient collectif, avec lequel tout être humain est né, et qui
serait identique chez nous tous. Il y a un autre terme pour cet inconscient collectif, c'est le corps causal.
L'inconscient collectif contient toute la sagesse du monde, toutes les expériences que l'humanité a faites au cours de son évolution. Une sorte de disque dur de l'humanité. A cet inconscient
collectif s'ajoute l'inconscient personnel, la mémoire de ce que nous avons vécu dans notre vie et de ce que nous ne sommes plus conscients.
Ce qui est commun à l'inconscient collectif et personnel est leur tendance à vouloir aller vers la vérité. L'inconscient nous pousse à avancer sur notre chemin de vie, nous fait des signes quand
nous sommes bloqués. C'est plutôt notre conscient qui nous bloque, l'inconscient veut que nous avancions. Le conscient refuse de voir les problèmes en face, refuse d'agir – c'est lui qui est dans
un déni de la réalité. De plus en plus de psychologues estiment que le problème n'est pas notre inconscient mais notre conscient – et qu'il faut voir l'inconscient comme un allié vers la
guérison.
On peut dire que toute la sagesse, tout le savoir est déjà en nous, dans notre inconscient, quand nous découvrons qqc / apprenons qqc, nous redécouvrons seulement qqc qui est en nous depuis
toujours - une sagesse héritée. Quand on est né, tout est déjà là, il faut juste, au cours de notre vie, la redécouvrir.
Est-ce que la sagesse universelle qui se trouve dans notre inconscient fait partie du divin dans notre monde ? Évidemment, il n'y a pas de preuves de l'existence de cet inconscient collectif, il
y a juste quelques indications, qui nous laissent penser que cela pourrait exister. Une de ces indications sont les archétypes, des formes, symboles, légendes, qui existent partout dans le monde,
dans toutes les cultures – des cultures qui n’ont jamais été en contact entre-elles.
Autre aspect de la divinité : la force qui nous pousse à nous développer
Pourquoi l'être humain veut-il grandir spirituellement ? Pourquoi l'être humain évolue-t-il dans tous les domaines ? D'où vient cette force qui nous pousse en permanence à aller plus loin ? La
thermodynamique nous dit que le monde s'oriente vers le désordre, vers le chaos – on appelle celaa l'entropie. L'entropie est une force destructrice. L'évolution est une force opposée qui tend
vers l'ordre, l'organisation, des structures de plus en plus complexes. D'où vient cette force d'aller toujours plus loin et qui nous permet de combattre l'entropie ?
Peut-être est-ce Dieu qui nous donne cette force de grandir, d'évoluer ? Et peut-être a-t-il mis cette force dans notre inconscient ? Cet inconscient qui nous pousse d’évoluer – aussi
spirituellement. Et pourquoi Dieu ferait-il cela? Pourquoi Dieu voudrait-il que nous évoluions ?
Les mystiques ont une seule réponse à cela : parce que Dieu veut que nous devenions comme lui. Il veut que nous devenions Dieu, que nous retournions vers nos origines divines, l'alpha et
oméga.
Les obstacles majeurs à notre développement spirituel
Une force divine dans notre inconscient nous pousse à évoluer. Selon des psychologues il y a deux obstacles majeurs, pourquoi ça bloque sur notre chemin spirituel : c'est d'abord notre inertie,
notre paresse. Pour avancer il faut en permanence dialoguer avec notre propre MOI, notre noyau divin, pour savoir vers quelle direction aller. Souvent notre inconscient nous pousse vers des
changements, vers plus d'efforts, voire vers des souffrances. Notre conscient va nous dire STOP, non, ne fais pas ça. « Tu as tellement travaillé pour avoir cette position, cette belle maison.
Imagine comment les autres vont réagir... ». C'est le conscient qui nous bloque, pas l'inconscient !
L'inconscient nous demande de travailler sur nous, demande des changements. Malheureusement l'être humain essaie par tous les moyens d'économiser de l'énergie, de prendre le chemin qui représente
le moindre effort. C'est un réflexe naturel, qui nous a permis pendant l'évolution d'économiser de l'énergie, mais aujourd'hui ce réflexe nous bloque. Il est tellement plus agréable de regarder
la télé le soir après le travail, que de lire un livre qui pourrait nous déranger.
Le deuxième obstacle à notre éveil spirituel est la peur. La peur des changements, la peur de quitter notre cadre sécurisant. Nous avons vu que la peur a son une origine dans le sentiment
d'abandon, que l'enfant a développé lors de son enfance. Il lui manque la confiance de base, la confiance en la vie. Sans cette confiance l'adulte ne va rien oser, ne va pas risquer de quitter
son cadre.
Le bien et le mal
On peut se demander si le mal existe dans notre monde. Une définition du mal, qui me plaît beaucoup : le mal est la force dans le monde qui veut nous empêcher de progresser sur notre chemin
spirituel, une force qui veut nous empêcher d'écouter notre inconscient divin. Le mal est le contraire de l'amour : l'amour nous aide à atteindre l'éveil, le mal fait tout contre. Les gens
dominés par le mal vont essayer de nous empêcher d’avancer sur notre chemin. Évidemment on peut aussi dire, que ces gens destructeurs sont malades psychiquement.
Une autre vue sur la maladie
Avec tout ce que vous avez entendu jusqu'à maintenant, vous comprenez la définition de la maladie psychique (voire physique) : une maladie psychique va apparaître quand notre conscient ignore ou
même combat la vérité qui se trouve dans notre inconscient – l'inconscient qui est le siège de la sagesse, la vérité et la volonté de Dieu. Autrement dit : la santé psychique dépend de notre
attachement à la vérité (divine). Les symptômes psychiques sont donc un message de notre inconscient : dépression, angoisses, cauchemars, … Au lieu de combattre ces symptômes (anxiolytiques,
anti-dépresseurs...), il faudrait plutôt être reconnaissant que notre inconscient nous envoie ce type de messages.
A nouveau il faut souligner que le malade est le seul responsable de sa guérison. Nous avons vu que cette acceptation de la responsabilité est une condition absolue de la guérison. Peut-être
allez vous dire un jour : « ma dépression était la meilleures chose qui aurait pu se produire – elle m'a aidé de retrouver le chemin de la vie ».
Take away messages:
Amour – retarder la récompense – vivre dans la réalité – accepter la responsabilité pour sa vie – chercher la vérité à chaque instant– accepter d’abandonner – s’entraîner à la pleine conscience
Livres
Albert Schweizer : Les penseurs de l'Inde
Antony de Mello : Quand la conscience s’éveille
Aldous Huxley : Philosophie éternelle
(C) Frank Oehlenschlager, 2016